vendredi 11 décembre 2009
Jolies Ténèbres, One-shot
"Jolies Ténèbres" est un projet un peu particulier dans mon parcours professionnel.
Tout a commencé lors d'un mignon goûter avec les Kérascoët, au cours duquel Marie m'a demandé ce que je pensais d'une idée qu'elle comptait peut-être scénariser. Elle m'a alors raconté ce qui allait devenir la toute première séquence de "Jolies Ténèbres", et j'en suis resté sans voix.
J'ai trouvé ça tellement puissant que j'ai vivement encouragé Marie à poursuivre dans cette direction, quitte à lui donner un petit coup de main (un peu à la manière d'un "script-doctor") si jamais elle avait du mal à se lancer toute seule dans ce qui était de fait son tout premier scénario. Et on s'est mis joyeusement au travail.
De fil en aiguille, comme notre collaboration se déroulait très bien, les Kérascoët m'ont proposé d'intervenir un peu plus, de séquencer l'histoire, de m'occuper des dialogues, bref, de devenir co-scénariste, ce que j'ai accepté avec joie. Mais tout du long, j'ai vraiment essayé de préserver ce que je trouve unique dans le style de Marie : un mélange de candeur désarmante et de noirceur terrifiante.
La deuxième bonne surprise, ça a été la réaction des éditeurs, qui se sont montrés très enthousiastes (ce qui n'était pas gagné vue la noirceur de notre propos : il est en effet question ici du cadavre d'une petite fille, et de la survie d'un groupe de petits êtres bizarres qui vivent autour de ce corps).
Les gens de chez Dupuis (et particulièrement Louis-Antoine Dujardin) ont fini par nous convaincre de leur très grande motivation : sans doute une manière pour eux de casser un peu l'image "familiale" de leur maison d'édition, car, faut-il encore le répéter, "Jolies Ténèbres" n'est absolument pas pour les enfants, malgré ses petits personnages mignons !
Alors justement, c'est quoi, précisément, ce projet ?
Eeeeh bien ce n'est pas super-facile à décrire... Disons que c'est bien un conte - qui emprunte donc des éléments classiques de ce type de littérature - mais un conte pour adulte. Un récit qui parle de la cruauté de l'enfance, entre autre. Mais pas que de ça.
Notre but, en écrivant "Jolies Ténèbres" a en effet toujours été de préserver une bonne part de mystère, pour permettre aux lecteurs de se faire leur propre idée du récit, de ses non-dits, de ses parties cachées... Et de fait, aucun lecteur n'a exactement la même interprétation de cette histoire, ce que nous trouvons super.
Par contre, mieux vaut prévenir les fans de "BD avec résolution classique de l'intrigue"... Ce type de conte n'est sans doute pas pour eux, car nous avons préféré proposer une invitation à la fois onirique et morbide, une saveur un peu à part, souvent très cruelle, que certains ne trouveront pas à leur goût, loin de là.
Avis aux amateurs !