dimanche 19 septembre 2010

Questions récurrentes sur la reprise officielle de Spirou et Fantasio




Q : En lisant votre dernier post, on a un peu l'impression que vous avez les chevilles qui enflent. Ou peut-être que vous faites semblant pour nous faire rire, en fait ? (Riri le Malin)

R : Je dois reconnaître qu'en criant hâtivement au triomphe de notre reprise, je vais un peu vite en besogne, cher riri : nous ne pourrons réellement nous la péter que si nos chiffres de vente sont vraiment bons dans les 3 années qui viennent.





En effet ce n'est pas parce que les médias ont beaucoup parlé de notre album que les ventes vont forcément décoller : la réussite commerciale d'un livre dépend beaucoup plus de l'opinion des lecteurs que de sa couverture médiatique, ce qui est d'ailleurs tout à fait rassurant.





Or donc, si pour l'instant l'accueil général paraît plutôt bienveillant, il est encore trop tôt pour prévoir si notre reprise va convaincre la majorité des lecteurs de la série. Il nous faudra sans doute ajuster le tir dans les albums suivants, pour gommer nos petites erreurs de jeunesse...





Q : Avec votre reprise de Spirou, on touche vraiment le fond. Intrigue tenant sur un ticket de bus, nouveaux personnages fadasses, dessin pas du tout pareil que celui de Janry... Je préfère encore "Seuls", votre autre série pourtant bien pourritos. Profitez bien de votre passage chez Pernaut, ce sera le dernier. (Nicolas Fraisemolle)





R : J'apprécie toujours autant ta juste sévérité, Nicolas : n'hésite pas à venir me voir en dédicace, je saurai t'accueillir avec les égards que tu mérites.

Quant à tes remarques audacieuses, elles contiennent leur part de vérité. J'ai en effet préféré privilégier une intrigue très simple, voire linéaire, afin de me concentrer sur l'essentiel à mes yeux : le retour aux fondamentaux.





Ma priorité pour le tome 51 a été en effet de remettre en scène les grands personnages de la série (Spirou, Fantasio, Spip, le Comte, Zorglub...), et de revenir à un décor familier des anciens lecteurs de la série (le village de Champignac), ce afin de rassurer les fans de la première heure, tout en privilégiant un humour que je qualifierais volontiers de potache (hommage à Tome et Janry, qui m'ont beaucoup fait rire).





En ce sens, la mission semble accomplie, puisque nous avons eu de bons retours en dédicace, avec des lecteurs adultes qui nous ont assuré avoir eu une sensation de "madeleine de Proust" (...mais peut-être ne s'agissait-il que de vils flatteurs désireux d'avoir un très beau dessin).

Par contre, le prix à payer avec notre stratégie, c'est qu'elle ne laisse plus beaucoup de place pour construire une intrigue complexe, ou pour introduire beaucoup de nouveaux personnages. C'est entre autre la raison pour laquelle je n'ai pas développé autant que j'aurais dû le faire le caractère des pourtant si mignonnes suédoises, Astrid et Léna.





Avec le one-shot "Les géants pétrifiés", les choses étaient différentes : nous pouvions en effet y livrer immédiatement notre vision de la série, quitte à ne pas plaire à tout le monde.





Mais avec une reprise officielle, les enjeux artistiques et commerciaux sont différents.

Pour le dire de manière plus imagée : là où le one-shot est comparable à une voiture de sport rapide et puissante, mais qui ne permet pas d'emporter beaucoup de passagers, la reprise officielle est comme un gros autobus rempli de personnes de tous âges, et qu'il faut donc conduire avec un peu plus de précaution, surtout au démarrage, si on ne veut pas que certains passagers tombent face contre terre avec un bruit mat.





Nous avons donc préféré commencer doucement, rassurer les lecteurs sur les fondamentaux, puis attendre les tomes 52 et 53 pour personnaliser notre vision du héros ou ajouter de nouveaux personnages hauts en couleurs (nous jubilons déjà sur le look et le caractère d'un tout nouveau méchant, acolyte de Zorglub).

Nul doute que tu adoreras donc nos futurs albums, très cher Nicolas...

...Et de toute façon, si notre "stratégie de l'autobus" ne fonctionne pas, nous ne t'ennuierons pas longtemps : nous devrons en effet piteusement rendre les clés du véhicule à Dupuis.